WikiPeru • L’Encyclopédie du Pérou
Français English Español

Epoque coloniale

Au début du XVe siècle, l'empire inca s'étendait sur une vaste région, de l'actuelle Colombie au Chili. Cet empire, dirigé depuis la capitale Cuzco, était fortement centralisé et connu pour ses vastes réseaux routiers, ses terrasses agricoles et sa riche culture. Cependant, l'arrivée des conquistadors espagnols au début du XVIe siècle allait radicalement changer l’histoire de cette région.

En 1526, Francisco Pizarro, explorateur espagnol, débarqua pour la première fois sur la côte péruvienne. Séduit par les récits de richesse concernant l'empire Inca, il retourna en Espagne pour obtenir l'autorisation de la couronne pour conquérir cette terre. En 1532, il revint avec un petit groupe d’hommes déterminés à soumettre cet empire.

Le moment de leur arrivée coïncida avec une guerre civile entre deux frères incas, Atahualpa et Huascar, pour le trône. Atahualpa sortit victorieux, mais peu après, il fut capturé par Pizarro lors de l'embuscade de Cajamarca. En échange de sa libération, Atahualpa offrit une rançon d'or et d'argent, mais malgré le paiement, il fut exécuté en 1533. La chute de l’empire Inca marqua le début de la domination espagnole au Pérou.

La fondation de Lima et l'établissement de la vice-royauté

En 1535, Pizarro fonda la ville de Lima, qui devint rapidement la capitale de la vice-royauté du Pérou. Cette ville devint le centre du pouvoir espagnol en Amérique du Sud, abritant les principales institutions administratives, religieuses et commerciales de l'empire colonial espagnol.

La vice-royauté du Pérou comprenait la majeure partie de l’Amérique du Sud, et Lima en était le cœur. Grâce à son port, Callao, Lima devint un centre névralgique du commerce transatlantique, où les navires chargés d'or, d'argent, et d'autres richesses naturelles du continent partaient pour l'Espagne. De plus, Lima devint un centre religieux majeur, avec la construction de nombreuses églises, monastères et institutions religieuses, y compris des missions catholiques destinées à convertir les populations autochtones.

Les colons espagnols mirent en place un système économique basé sur l’exploitation des ressources naturelles du territoire péruvien. Les plus importantes d’entre elles étaient les mines d’argent de Potosí, situées dans l’actuelle Bolivie, qui devinrent l’une des principales sources de richesse de l’empire espagnol.

L’exploitation des indigènes : le système de l'encomienda

L'exploitation de ces ressources reposait sur l'utilisation de la main-d'œuvre indigène. Le système de l’**encomienda** fut mis en place pour distribuer des terres et des travailleurs indigènes aux colons espagnols. En échange de leur travail forcé, les colons étaient supposés "protéger" et convertir les indigènes au christianisme, mais en réalité, il s’agissait souvent de conditions proches de l’esclavage.

Outre l'extraction des métaux précieux, le Pérou devint également un important producteur agricole. Les colons mirent en place des plantations de canne à sucre, de cacao, et de maïs. Ces grandes propriétés agricoles, appelées **haciendas**, furent le lieu d'une exploitation intensive des travailleurs indigènes et africains, amenés au Pérou comme esclaves.

Les révoltes indigènes et les premières contestations

La domination espagnole ne s’installa pas sans résistance. Dès le début de la colonisation, les Incas tentèrent de reprendre le contrôle de leurs terres. Manco Inca, désigné comme dirigeant par les Espagnols, se rebella en 1536. Retranché dans la région de Vilcabamba, il mena une guérilla contre les colons pendant près de 40 ans, jusqu'à ce que son dernier successeur, Tupac Amaru, soit capturé et exécuté en 1572.

La domination coloniale fut marquée par de nombreuses révoltes, notamment la célèbre rébellion de Túpac Amaru II en 1780. Túpac Amaru II, descendant des derniers empereurs incas, mena un soulèvement majeur contre les abus des Espagnols. Son mouvement fut brutalement réprimé, mais il resta une figure emblématique de la lutte pour les droits des peuples indigènes.

L’essor des réformes et la lutte pour l’indépendance

Au XVIIIe siècle, la couronne espagnole, sous les Bourbons, chercha à réformer l'administration coloniale pour en augmenter l'efficacité et accroître les revenus de la métropole. Ces **réformes bourboniennes** visaient à centraliser davantage le pouvoir et à imposer de nouvelles taxes sur les colons. Elles furent mal accueillies et provoquèrent des tensions entre les colons espagnols, les indigènes et la couronne.

En même temps, l'influence des idées des Lumières et les révolutions en Amérique du Nord et en France inspirèrent de nouvelles idées d’indépendance. La situation économique se détériora au début du XIXe siècle, et des figures comme José de San Martín et Simón Bolívar émergèrent pour libérer le Pérou de la domination espagnole.

La libération et l’indépendance

En 1820, José de San Martín débarqua sur la côte péruvienne avec ses troupes. En 1821, il entra dans Lima et proclama l’indépendance du Pérou, bien que les Espagnols aient continué à contrôler certaines régions du pays. Ce n’est qu’en 1824, après la bataille décisive d'Ayacucho, que l'indépendance péruvienne fut définitivement acquise grâce à Simón Bolívar.

La victoire d'Ayacucho marqua la fin du contrôle espagnol en Amérique du Sud. Le Pérou entra alors dans une nouvelle ère, marquée par des luttes politiques internes et la quête de stabilisation après plusieurs siècles de domination coloniale.